Encore six mois pour bénéficier des aides à l'embauche d'apprentis : c'est le message martelé par Élisabeth Borne lors d'un déplacement effectué ce matin à Bailly-Romainvilliers (Seine-et-Marne) sur le thème de la formation professionnelle et de l'emploi des jeunes. La Première ministre s'est rendue au domaine Village Natures Paris Center Parcs, un établissement qui a touché les aides de l'État pour recruter des alternants, en compagnie du ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui a pris sa succession rue de Grenelle après qu'elle ait été nommée à Matignon par Emmanuel Macron.
Après avoir rencontré des apprentis et leurs maîtres d'apprentissage, la cheffe du Gouvernement a fait le point sur ces dispositifs. Selon elle, la réforme de la formation professionnelle conduite en 2018 par Muriel Pénicaud (sa prédécesseure au ministère du Travail) a permis de faire décoller le nombre de contrats d'apprentissage : 730.000 ont ainsi été signés dans 380.000 entreprises en 2021, contre 290.000 en moyenne par an avant la réforme. Toujours d'après l'exécutif, le chômage des jeunes aurait même atteint un plus bas historique depuis ces 40 dernières années : 70% des apprentis ayant débuté une formation en 2020 auraient décroché un poste dans les 12 mois suivant la fin de leur cursus.
Objectif : le million
"Notre objectif, c'est un million d'apprentis", a affirmé Élisabeth Borne à l'issue de sa visite.
"Cela permet à des jeunes de découvrir des métiers, de continuer à se former en ayant une rémunération, ce qui est un très beau levier d'égalité des chances, donc on veut absolument continuer à encourager les entreprises à embaucher des apprentis, et c'est pour cela que je vous annonce que l'on prolonge à l'identique les aides à l'apprentissage", a-t-elle poursuivi.
Déjà repoussée plusieurs fois, la mesure devait en effet prendre fin au 30 juin 2022, mais l'exécutif a une nouvelle fois décidé de la proroger, cette fois jusqu'au 31 décembre prochain.
"Olivier Dussopt réunira dans les prochaines semaines syndicats et patronat pour discuter des suites à donner après la fin de l'année, pour adapter les entreprises sans remettre en cause cette dynamique", a précisé la cheffe du Gouvernement.
Pour rappel, le montant de ces aides s'élève à 5.000 € pour un apprenti mineur, 8.000 € pour un majeur. Face aux difficultés de recrutement souvent invoquées par les entreprises, ce dispositif serait une réponse pertinente tout en facilitant l'insertion professionnelles des jeunes, aux dires de la Première ministre.
Doublement des dépenses
L'annonce intervient toutefois quelques jours après la publication d'un rapport de la Cour des comptes qui alerte sur l'impact du dispositif sur les finances publiques. D'après la rue Cambon, le coût total des dépenses d'apprentissage aurait doublé l'année dernière, atteignant 11,3 milliards d'euros, une somme qui se répartit entre 5,3 milliards de financement des CFA (Centres de formation des apprentis) et 4 milliards d'aides à l'embauche.
Une critique pour l'heure balayée par Élisabeth Borne :
"Je pense qu'il faut quand même considérer qu'investir dans notre jeunesse est majeur pour notre pays". Et de préciser :
"Que des jeunes aient l'impression que c'est un parcours du combattant pour rentrer dans la vie professionnelle peut miner la cohésion de notre pays". Olivier Dussopt a abondé en son sens en considérant que les résultats de cette politique étaient, à ses yeux, au rendez-vous :
"Les politiques que nous avons mises en oeuvre ont effectivement un coût et c'est le rôle de la Cour des comptes de le souligner, mais elles ont surtout une efficacité".
La Première ministre a ensuite fait référence au
"projet" d'Emmanuel Macron de renforcer encore l'accompagnement des jeunes, notamment en facilitant les stages et découvertes de métiers. L'apprentissage est
"un très bel investissement, qui vaut la peine", a-t-elle conclu, avant de lancer aux entreprises :
"Allez-y à fond, recrutez des apprentis !"