Accueil > Actualité Formation > CCCA-BTP appelle à ne pas relâcher l'investissement dans la formation
ACTUALITÉS

CCCA BTP
Patricia Desmerger ©
Christophe Possémé, le président de CCCA-BTP, Jean-Pierre Willems, consultant, et Alain Druelles, ancien conseiller au cabinet de Muriel Pénicaud, sont intervenus lors de la conférence.
CCCA-BTP appelle à ne pas relâcher l'investissement dans la formation

FORMATION. L'organisme a organisé plusieurs conférences pour la première cession des Initiales du BTP. Le développement de compétences doit être au cœur de la réflexion sur le travail, estiment plusieurs experts.

La conférence d'ouverture des Initiales du BTP, organisées par CCCA-BTP, le 11 mars 2025 à La Défense, a permis de dresser un bilan de la réforme de la formation professionnelle de 2018, menée par Muriel Pénicaud, alors ministre du Travail d’Édouard Philippe. Christophe Possémé, le président de CCCA-BTP, le consultant Jean-Pierre Willems et l'ancien membre du cabinet de Mme Pénicaud, Alain Druelles, ont souligné de concert son impact positif sur le marché de l'emploi.
 


L'apprentissage, favorisé par cette réforme et qui alterne temps en entreprise et temps de formation, permet notamment de "s'insérer mieux et d'avoir une carrière plus linéaire", explique Alain Druelles, qui rappelle au passage l'esprit de la réforme de 2018 : "Nous partions du principe que les compétences sont fondamentales pour s'insérer rapidement sur le marché du travail. Les dépenses dans la formation étaient pensées comme un investissement et non un coût. Il fallait booster la formation des demandeurs d'emploi ", rapporte l'ex-conseiller et instigateur de la réforme.
 

Forte accélération de l'apprentissage



Cette réforme de la formation, qui prend corps dans la loi du 5 septembre 2018 sur "la liberté de choisir son avenir professionnel", modifiait notamment le compte personnel de formation (CPF), non plus alimenté en heures mais en euros, étendait la limite d'âge de l'apprentissage de 25 à 29 ans révolus, et créait un mécanisme de certification obligatoire des organismes de formation. A l'été 2020, le gouvernement a souhaité accélérer encore davantage l'apprentissage en délivrant des primes aux entreprises qui embauchent des alternants. Un investissement qui a eu le résultat escompté puisque le nombre d'alternants a plus que doublé en sept ans : selon les données du ministère du Travail, 1 042 543 contrats d'alternance étaient en cours au 31 décembre 2024, contre 425 900 au 31 décembre 2017.

Concernant le BTP, qui concentre le plus gros contingent d'alternants du pays, la réforme de 2018 a permis notamment "d'ouvrir l'alternance aux formations supérieures et de développer davantage la formation continue", précise Christophe Possémé, le président de CCCA-BTP. "L'investissement public et privé dans la formation a fortement augmenté depuis 2018", confirme de son côté Alain Druelles, qui indique que le taux de demandeurs d'emploi suivant une formation a quant à lui augmenté de 30% depuis la réforme.
 

L'importance des compétences


Un effort financier qui n'est cependant pas sans enjeux. "On a parfois tendance à confondre formation et compétence, les deux ne vont pas forcément de pair. Il y a eu un essor ces dernières années de formations obligatoires pas toujours productives. Il faut placer le développement de compétences au centre", prévient Jean-Pierre Willems.

La nécessité pour les entreprises du BTP de collaborer avec les organismes de formation est par ailleurs rendue encore plus nécessaire avec des progrès techniques de plus en plus rapides : "Cela va très vite au niveau des matériels utilisés ou de l'informatique. Il faut anticiper et former à utiliser des outils qui seront utilisés dans dix ans dans les entreprises", explique le président de CCCA-BTP.

Les différents intervenants s'inquiètent tout de même du contexte budgétaire et de la dynamique politique actuelle : "Je suis assez déçu par rapport aux récents projets de loi de finance. Le sujet du travail y est systématiquement identifié, tandis que celui de la formation est trop souvent négligé", estime Alain Druelles. Une diminution des aides publiques à l'apprentissage a en effet été appliquée depuis le 1er janvier 2025. Les intervenants appellent au contraire à prendre en compte les effets positifs de la formation sur la productivité des salariés. Ce qui rend l'investissement rapidement "amorti" par les entreprises.
 
Les aides à l'apprentissage resserrées :

Alors que, depuis l'été 2020, les entreprises touchent une aide lorsqu'elles embauchent un apprenti, cette prime, restriction budgétaire oblige, a été revue à la baisse depuis le 1er janvier 2025. Alors qu'elle était de 6.000 euros pour toutes les entreprises, elle s'établit désormais à 5.000 euros pour les entreprises de moins de 250 salariés et à 2.000 euros pour les plus grandes.

Certaines formations en apprentissage pourraient par ailleurs, faute de certification suffisante, perdre leurs aides publiques. Dans une récente interview aux Echos, Philippe Baptiste, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche a en effet confirmé le renforcement des critères du label de certification existant : Qualiopi, et la fin des aides pour les organismes "ne respectant pas les nouveaux critères de qualité", indique-t-il.

Des restrictions qui sont le fruit de récentes critiques. Un rapport de la Cour des Comptes de juillet 2023 soulignait déjà le coût "très élevé" pour les finances publiques des aides en faveur de l'apprentissage. Ces différentes mesures pourraient finalement mettre un terme à la progression du nombre de nouveaux contrats d'alternance signés chaque année en France, et orienter la dynamique vers une stabilisation.


 

Raphaël Jacomini (11/03/2025)